e-agil – décembre 2022

No 3 / décembre 2022 Bulletin de la vulgarisation en milieu rural Une pensée globale pour une action durable Titel im Balken Un guide pour des constructions agricoles durables Débuts prometteurs pour le projet Réseau thématique Sol L’agroécologie comme perspective d’avenir 4 6 8

Point de vue Une vision globale : le nouveau défi de la vulgarisation Kaspar Grünig, président du Forum La Vulg Suisse Chères lectrices, chers lecteurs, Lorsque vous commencez un nouveau projet, vous vous fixez sans doute des objectifs. Quand j’ai pris la direction de la vul- garisation chez INFORAMA, nous avons analysé la direction stra- tégique de notre domaine et nous nous sommes fixé des objec- tifs en conséquence. La vulgarisation cantonale doit évoluer non seulement en fonction des besoins des clients, mais aussi du cadre juridique correspondant, c’est-à-dire l’ordonnance fédérale sur la vulgarisation agricole. Elle doit aussi tenir compte des dimensions écologiques, sociales et économiques des objectifs de développement durable : préserver les ressources naturelles, atteindre les objectifs environnementaux, soutenir la production durable, améliorer la qualité de vie et la condition sociale des personnes actives dans l’agriculture, garantir la compétitivité et s’adapter au marché. Ensemble, nous avons examiné nos activités et vérifié soigneusement si nous satisfaisions ces objectifs. Oui, les exigences de développement durable sont remplies. Mais qu’en est-il de la globalité ? Est-ce le nouveau mot d’ordre ? Devons-nous désormais proposer une vulgarisation « globale » ? Est-ce que notre clientèle le souhaite ? Je me rends compte que je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire. Une interprétation possible : ne pas se contenter d’examiner la production d’un produit, mais s’intéresser à toute la chaîne de création de valeur. En tout cas, la politique nous pousse dans cette direction. À l’avenir, offrirons-nous des services de diété- tique et accompagnerons-nous les entreprises de transforma- tion avec des plans d’affaires ? À cette question, l’OFAG a répondu « oui, ce sont des prestations envisageables, ou vous pourriez collaborer en ce sens avec des partenaires ». Et la réalité s’en approche. Dans le projet « Bern ist Bio », nous tentons de représenter toutes les activités de la chaîne de création de valeur et nous constatons qu’aborder la production dans sa globalité a des avantages. En acceptant la présidence du Forum La Vulg Suisse, je dois anticiper de telles questions et faire preuve de clairvoyance. Les tâches et les défis ne manqueront pas. Alors, au travail ! Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir à feuilleter cette édition numérique d’e-agil ! Kaspar Grünig 2

Actualités Nouvelles des cantons Tessin : ViSo Ticino, un projet Ressources pour une viticulture durable Le projet ViSo Ticino dans lequel le canton du Tessin collabore avec les trois fédérations viticoles locales s’étend sur la période 2023 – 2030. Il encourage l’évolution technique de la production en tenant compte de critères qualitatifs et socio-économiques. L’accent est mis sur la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires (PPh) et des risques associés, ainsi que sur la promotion des cépages « PIWI » résistants aux maladies cryptogamiques. Plus d’infos : www4.ti.ch (en italien) Valais : ArboPhytoRed, –10 % de rende- ment = –30 % de PPh Dans le cadre de ce projet Ressources, l’Inter- profession des fruits et légumes du Valais (IFELV), en partenariat avec l’office d’arbori- culture cantonal et Agroscope, a élaboré un catalogue de mesures visant à réduire de 30 % l’utilisation de PPh. 2022 offre une bien meil- leure base de travail que la campagne 2021 et ses conditions météorologiques extrêmes. Ce projet court jusqu’en 2026 et fédère toujours plus d’exploitations. Plus d’infos : www.arbophytored.ch Jura : début de chantier pour une installation de biogaz pionnière En septembre la construction d’une installation de biogaz bien particulière a débuté à Courte- melon (JU). Dès fin 2023 elle valorisera chaque année quelque 20 000 tonnes de fumier, lisier et déchets verts en injectant le méthane directement dans le réseau gazier public, alors que les systèmes conventionnels convertissent le méthane en électricité sur place à l’aide de moteurs à gaz. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre trois exploitations agricoles. Plus d’infos : article Energie du Jura Création de l’organisa- tion faîtière Green Care Suisse L’intérêt pour les prestations sociales dans les fermes ne cesse de croître. Aﬁn de profession- naliser et de développer l’offre, l’association Carefarming Suisse et la centrale de vulgari- sation agricole AGRIDEA ont initié la création de l’organisation faîtière Green Care Suisse. Active dans le domaine des prestations sociales destinées aux exploitations agricoles, Green Care Suisse vise à mettre en relation les parties fournisseuses et demandeuses. Le 22 septem- bre, les membres-fondateurs ont élu à l’unani- mité les membres désignés du comité directeur : Jean-Marc Bovay, Association Agriculture sociale romande ; Barbara Kaiser, Caritas ; Petra Köchli et André Stalder, Association Carefar- ming Suisse ainsi que Priska Fleischlin, WoBe SA. Raphaël Mahaim, conseiller national vau- dois (Les Vert-e-s) et Alois Huber, conseiller national argovien (UDC) et vice-président de l’Union suisse des paysans (USP) sont les copré- sidents élus de l’organisation faîtière Green Care Suisse. « Avec la création de la nouvelle organisation faîtière Green Care Suisse, nous voulons rendre les prestations sociales plus visibles et les développer ensemble. Je suis convaincu que nous apporterons ainsi une contribution importante à notre système de santé et au développement de l’espace rural », afﬁrme Raphaël Mahaim. Lors de sa première session, le comité a discuté des mesures à prendre pour renforcer et faire connaître Green Care Suisse. Des commissions sont en cours de création aﬁn de déﬁnir des normes en matière de qualité et de formation, les tarifs des prestations, et la mise en place d’un service de médiation. Le secrétariat de Green Care Suisse est hébergé par AGRIDEA et dirigé par Simone Hunziker. Plus d’infos : www.agripedia.ch 3 3

Point fort Un guide pour des constructions agricoles durables Les solutions durables dans la construction agricole sont souhaitables et même néces- saires. Il s’agit de prendre en compte les aspects de la durabilité depuis l’idée initiale jusqu’à la mise en œuvre et l’utilisation du projet de construction. Pour soutenir toutes les personnes impliquées dans le projet de construction, AGRIDEA travaille avec l’aide d’expert-e-s à l’élaboration d’un guide pour des constructions agricoles durables. Claude Gallay, Beat Steiner, Marc Gilgen et Danielle Albiker, AGRIDEA Bien évaluer ses propres besoins et en même temps avoir conscience et prendre en compte des enjeux concernant d’autres parties prenantes est un point central de tout projet de construction. Le bâtiment doit répondre aux besoins de l’exploitation agricole tout en s’insérant dans son environnement de manière optimale (voisinage, sols, paysage, etc.). Il n’existe pas aujourd’hui d’outil spécifique à la construction agricole pour soutenir à la fois la nécessaire vue d’ensemble et les nombreux choix à faire dans un objectif de durabilité. L’objectif principal de ce nouveau guide est d’aider les acteur-trice-s à identifier et prendre en compte les éléments décisifs pour des projets de construction réussis et durables. Prendre des décisions fondées En utilisant le modèle classique des trois piliers de la durabilité (environnement/social/écono- mie), les expert-e-s du projet ont retenu les thèmes et questions-clés les plus pertinents pour évaluer la durabilité des constructions agricoles. Cette grille de lecture permet d’avoir conscience des enjeux et donc de se poser les bonnes questions dès l’idée de projet. Les choix à réaliser lors d’un projet de construc- tion sont nombreux, à commencer par celui de construire ou non. Ils nécessitent également de se focaliser sur des éléments précis pour arriver à retenir par exemple l’équipement de traite adapté, une forme de dallage limitant les émis- sions ou une bonne intégration paysagère. Cette double perspective entre la vue d’ensem- ble et les choix précis est indispensable pour maintenir l’objectif de durabilité tout au long du processus. Le guide aide à évaluer l’impact des choix. Dans ce but, on a déterminé des critères et des indicateurs utiles pour évaluer la durabilité du projet. De même on a identiﬁé les synergies et/ ou les conﬂits d’objectifs entre les critères. Par exemple, les synergies entre consommation de matériaux, constructions simples et coûts tout en optimisant la statique. De même, selon la variante du système d’élevage, des synergies et des conﬂits d’objectifs apparaissent entre les exigences du bien-être animal et celles de la 4

protection de l’air. Grâce au guide, le porteur de projet pourra mettre en évidence l’impact de ses choix sur d’autres enjeux. Prototype et développements futurs À ce stade les résultats obtenus sont les suivants : Reconnaître les informations importantes Le guide constitue une colonne vertébrale permettant de consigner les informations importantes. Il facilite également le dialogue entre les parties prenantes. Par ailleurs l’accès aisé à des informations pertinentes et fiables et un accompagnement de qualité sont détermi- nants pour permettre des choix éclairés. Ainsi, en parallèle de l’évaluation, le guide donnera à terme accès aux informations de référence aujourd’hui disséminées dans de nombreux documents et plateformes, que ce soit pour l’agriculteur-trice ou les autres acteur-trice-s du projet. Maintenir le cap Intégrer la durabilité commence dès l’idée de projet. Il s’agit notamment de considérer la stratégie de l’exploitation, les souhaits et les attentes de la famille. Il s’agit ensuite, avec tous les acteur-trice-s, de maintenir le cap tout au long du processus (conception, réalisation, utilisation, évolution) pour atteindre la dura- bilité imaginée au départ. Il est donc clair que la durabilité doit être prise en compte et évaluée sur l’ensemble du processus de construction. Un guide facile à utiliser Il est essentiel pour les personnes concernées par le processus de planiﬁcation et de réalisa- tion des constructions de disposer d’un outil simple et compréhensible, facile à utiliser. Par conséquent le choix des critères et indicateurs est un mélange entre données qualitatives et quantitatives ne nécessitant pas trop de recher- ches pour obtenir les informations nécessaires. Le guide est conçu de manière à ce que chacun puisse l’utiliser facilement en fonction de sa situation. Ceci est d’autant plus impor- tant qu’il s’agira d’une démarche volontaire. • Une grille d’évaluation avec 21 thèmes répartis dans les trois piliers de la durabilité. Chaque thème intègre des questions-clés, critères et indicateurs, ainsi que des référen- ces utiles (outils existants, personnes ressour- ces). • Un ensemble de synergies et conflits d’objectifs entre les critères. • Les caractéristiques essentielles de l’outil : facilité d’utilisation, études de variantes, mémoire des choix, renvoi vers des outils existants et lien entre parties prenantes. Les prochaines étapes d’ici à l’automne 2023 ont pour but de développer un prototype et de réaliser des tests utilisateur-trice-s, dans un premier temps avec un groupe restreint puis à une échelle plus large. Des personnes se sont déjà montrés intéressées pour cette phase de test. Une version opérationnelle de l’outil (plateforme web) est prévue dans une phase ultérieure pour laquelle de nouveaux ﬁnance- ments seront recherchés. Conclusion L’agriculteur-trice est clairement au cœur du processus de construction car les choix ﬁnaux et le ﬁnancement du projet lui appartiennent. Pour autant, l’évaluation de la durabilité ne devrait pas se faire de manière isolée par le maître d’ouvrage. L’accompagnement par une équipe compétente dans un processus clair et ﬂuide est essentiel. La démarche de conseil est importante pour une utilisation réussie du guide et pourra être adaptée en prenant en compte les expériences des acteur-trice-s. Il s’agit de permettre à toutes les personnes impliquées d’intégrer l’utilisation du guide dans leur pratique. Enﬁn, le recensement et la diffu- sion de bonnes pratiques et de bons exemples, notamment par le biais de formations conti- nues, constitueront un levier supplémentaire pour améliorer la durabilité des constructions agricoles. Plus d’infos : www.agridea.ch, article Revue UFA 5

Méthodes Débuts prometteurs pour le projet Réseau thématique Sol Séquestration du carbone, production alimentaire ou encore services écosysté- miques, la liste des exigences que nos terres agricoles doivent satisfaire est longue. À l’instar de celle des défis : érosion, compactage, sécheresse, imper- méabilisation, pollution, etc. C’est pour- quoi nombre de projets se penchent aujourd’hui sur les sols agricoles partout en Suisse. Markus Spuhler et Lisa Nilles, AGRIDEA Le Réseau thématique Sol a vu le jour il y a six mois. Depuis, plus d’une centaine de personnes issues de la recherche, de la vulgarisation et de la pratique ainsi que de divers groupes d’inté- rêts et associations ont rejoint les groupes opérationnels (GO) et le réseau. Ce succès confirme qu’il existe un réel besoin d’échanger au-delà des frontières institutionnelles et pro- fessionnelles. Définir les objectifs autour d’un dénomi- nateur commun « Nous constatons que ce projet suscite un vif intérêt », souligne Franziska Häfner, collabora- trice d’Agroscope engagée au sein du GO Évaluation globale du sol. Pendant la première phase, les membres ont fait connaissance puis ont défini les attentes et les objectifs autour d’un dénominateur commun. Certains groupes partent dans des directions très différentes. Tandis que le GO Évaluation globale du sol a opté pour un développement de méthodes concret, le GO Charbon végétal préfère un forum animé par un-e modérateur-trice. « Lors de la prochaine étape, nous examinerons de plus près la question du dénominateur commun afin de le consolider et de motiver autant de membres que possible à participer activement », poursuit Franziska Häfner. Système numérique d’échange d’informa- tions Tout le réseau s’est réuni fin septembre à Frick, dans le canton d’Argovie. À cette occasion, les GO ont formulé leurs besoins et leurs attentes concernant la mise en réseau. Ils ont exprimé le souhait de mieux être informés des développe- ments à l’échelle nationale afin de garder une vue d’ensemble sans être toutefois submergés de données. Par ailleurs, ils souhaitent pouvoir réagir rapidement aux problématiques et aux défis. L’assemblée a plébiscité l’idée d’un sys- tème numérique d’échange d’informations afin de compléter efficacement les réunions et séances. AGRIDEA travaille actuellement à sa conception. Les membres ont aussi demandé de traiter davantage la question des sols dans la formation initiale, de proposer des forma- tions continues ciblées dans ce domaine et de mettre en place un réseau d’exploitations pilotes où montrer et appliquer facilement de nouvelles pratiques. Tester et diffuser les méthodes Ce réseau vise à réaliser des progrès techni- 6

ques, mais sert aussi de projet pilote pour la mise en place ciblée d’outils de gestion des innovations. Lors du premier événement, Ruth Moser, experte en développement organi- sationnel chez AGRIDEA, a expliqué de manière interactive la notion de cocréation au sein des réseaux aux coordinateur-trice-s des GO. Toutes et tous ont pu se familiariser avec les concepts de base et les appliquer à leur situation. L’analyse des réseaux a suscité un vif intérêt. « Avec cet outil, nous pouvons visualiser et mieux comprendre le contexte de notre GO », précise Franziska Häfner. Une approche clé pour détecter à temps les problèmes et les opportunités. « De plus, l’analyse du réseau nous a permis d’identifier d’importants points d’interconnexion entre les GO. » Réseau thématique Sol : développer un réseau, favoriser l’innovation et amélio- rer la pratique AGRIDEA et le Forum La Vulg Suisse (FVS) ont lancé cette année le projet Réseau thématique Sol. Dans ce cadre, les deux acteurs souhaitent favoriser le dialogue interdisciplinaire et interorganisationnel afin d’exploiter les synergies, d’éviter les redon- dances, de valoriser les expériences et les observations ainsi que de promouvoir l’inno- vation. Le réseau teste des outils méthodo- logiques de gestion des innovations et con- tribue concrètement au développement d’une exploitation agricole durable. Les GO existants accueillent volontiers de nouveaux membres à tout moment et il est possible de créer d’autres GO en fonction des besoins. Chacun d’entre eux se penche sur ses propres sujets et transmet ses conclusions à l’ensemble du réseau. Ainsi, les connaissan- ces disponibles sont partagées et utilisées de manière efficace et interdisciplinaire. Plus d’infos : www.reseau-sol.ch, communiqué de média Droit Calculer avec mesure Pour évaluer si des terres cultivables peuvent être utilisées pour la construc- tion d’une aire de sortie pour des che- vaux et définir la surface requise, il ne suffit pas de calculer le nombre de mètres carrés nécessaires. Il faut en effet procéder à une pesée des intérêts et rechercher une solution raisonnable. A et B gèrent une entreprise agricole dont la surface agricole utile (SAU) est de 79,4 hectares. En 2019, ils déposent trois deman- des de permis de construire pour des instal- lations destinées à la garde et à l’utilisation de chevaux, dont une aire de sortie toutes saisons. Usant de son droit de recours, l’Ofﬁce fédéral du développement territorial (ARE) attaque les permis de construire déli- vrés par le canton devant le Tribunal fédéral : l’aire de sortie serait surdimensionnée et nécessiterait trop de surface cultivable. Après l’addition de diverses surfaces, le Tribunal fédéral conclut que l’aire de sortie recommandée en vertu de l’ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) est surdi- mensionnée, ce qui est illicite. Des aires de sortie généreuses dépassant la surface mini- male prescrite par l’OPAn (mais respectant la surface recommandée) sont admissibles sur des surfaces déjà en dur. Mais s’il faut trans- former une prairie attenante, soit une par- celle cultivable, une pesée des intérêts est nécessaire. Ainsi, le Tribunal fédéral rappelle qu’il ne sufﬁt pas d’additionner des mètres carrés. Il faut rechercher des solutions prati- cables permettant une garde des chevaux conforme sans pour autant contrevenir à des exigences importantes de l’aménagement du territoire. (Arrêt 1C_238/2021, en allemand). Andreas Wasserfallen, avocat et agronome andreas.wasserfallen@lgplaw.ch 7

Étranger L’agroécologie comme perspective d’avenir Intervenante lors de trois évènements organisés en octobre par AGRIDEA dans le cadre des Journées de l’agroécologie, Perrine Hervé-Gruyer a partagé sa perspec- tive de l’agroécologie en Europe et notam- ment les succès des fermes bio de They en France et Gut&Bösel en Allemagne. photovoltaïques, thermiques et à la méthani- sation. Elle propose en outre une offre agritou- ristique de gîte rural. Enfin, la transformation et la vente directe d’une partie des produits par l’épicerie de la ferme assurent une source de revenu supplémentaire, en plus de la vente de lait en circuit long et la revente d’énergie. Florian Rudaz, AGRIDEA À la fois science, ensemble de pratiques et mouvement social s’étendant autant sur l’agri- culture que sur le système alimentaire, l’agro- écologie représente un domaine interdiscipli- naire contribuant à la création d’un système agricole durable. À l’initiative de plusieurs fermes paysannes au fonctionnement écosys- témique, un réseau européen des fermes agroécologiques s’est créé dans le but de promouvoir les expériences et proposer un nouveau modèle de système alimentaire en Europe. Deux exemples emblématiques La ferme bio de They en Haute-Saône, membre de ce réseau, s’étend sur quelques 200 hec- tares. Structurée en Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (GAEC), cette ferme pratique la polyculture-élevage de façon extrê- mement diversifiée. Outre ses productions végétales et animales, elle génère de l’énergie pour chauffer son eau et produire de l’élec- tricité, grâce notamment à des panneaux 8 La ferme Gut&Bösel à l’est de Berlin exerce avec succès ses activités agroécologiques sur 3000 hectares. Benedikt Bösel et son équipe se concentrent principalement sur la production de céréales en agroforesterie, la sylviculture en agriculture de régénération et l’élevage de vaches et poules pondeuses. À l’instar des membres du réseau, la vie du sol est au centre de leurs réflexions. Ils sont en effet persuadés que l’utilisation durable des terres peut contri- buer à lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Selon Perrine Hervé-Gruyer, ces exemples démontrent que les fermes adoptant cette forme d’agriculture sont viables économique- ment, apportent des bénéfices sociaux, tout en étant écologiquement performantes. L’agro- écologie devrait désormais changer d’échelle et s’étendre largement afin de rendre nos sys- tèmes alimentaires plus durables. Plus d’infos : www.eufarms.net, www.agroecologyworks.ch, www.fermebiothey.fr, www.gutundboesel.org (allemand)

Projets Facteurs de réussite dans la gestion des organisa- tions de vulgarisation agricole Batist Spinatsch, responsable de la vulga- risation et de la formation continue au Plantahof de Landquart (GR), promeut une approche globale. dre leurs préoccupations et propositions d’amé- lioration. Prévoir sufﬁsamment de temps est essentiel aﬁn d’atteindre un résultat soutenu et porteur d’avenir. Marc Vuilleumier et Andrea van der Elst, AGRIDEA Quelles sont les compétences nécessaires à la vulgarisation agricole ? Batist Spinatsch : Notre clientèle est toujours mieux informée et nous consulte pour des demandes complexes et urgentes. Nous devons de plus en plus accompagner les processus des exploitations dans leur ensemble plutôt que de transmettre simplement des connaissances. Les soft skills sont devenues plus importantes. L’enjeu est de répondre aux besoins de la clientèle, de s’organiser et de créer du réseau aﬁn de trouver des solutions interdisciplinaires et gagner la conﬁance de nos clients. Selon vous, qu’est-ce qu’une gestion moderne et tournée vers l’avenir ? Une structure adéquate est primordiale. Nos équipes jouissent d’une totale liberté d’organi- sation. Je dois néanmoins garder une vue d’ensemble des derniers développements aﬁn d’être à même de répondre aux questions éventuelles. Ma formation en gestion des orga- nisations de vulgarisation agricole (voir encadré) m’a beaucoup aidé lors d’une récente réorga- nisation. Ce genre de projets nécessite d’être à l’écoute des collaborateur-rice-s, pour compren- Comment faire pour rester un employeur attractif ? Concilier travail et famille est un élément cen- tral dans ce contexte de pénurie de personnel qualifié. Grâce à des formes de travail flexi- bles, à des offres de formation continue géné- reuses et à une culture du travail basée sur la confiance, nous sommes sur la bonne voie. Nos collaborateur-trice-s sont libres d’accepter des mandats, à condition bien sûr qu’ils aient un sens pour nous. C’est une prise de responsa- bilité personnelle qui est de plus en plus atten- due. Gestion des organisations de vulgarisa- tion agricole – Formation de cadres 2023 – 2024 (en allemand) Cette formation continue propose aux partici- pant-e-s de tester et approfondir certains con- cepts et outils de direction, de développement et de gestion, sur le plan théorique et pratique. Elle consiste en quatre modules de trois jours en Allemagne, en Suisse et en Autriche, et deux sessions en ligne d’une demi-journée chacune. Pour en savoir plus : https://url.agridea.ch/mib 9 9

Collaboration Agroscope et AGRIDEA renforcent leur collaboration Ensemble pour faciliter la cocréation de réponses adaptées aux besoins du terrain. Philippe Droz, AGRIDEA et Manuel Boss, Agroscope Précédemment l’acquisition et le transfert de nouvelles connaissances se déroulaient sur la base d’un processus plutôt linéaire passant de la recherche à la pratique via les organes de vulgarisation nationaux et cantonaux. Ce modèle évolue de plus en plus vers l’élabora- tion commune de solutions, où chacun apporte ses propres compétences et ressources. Ainsi, l’acceptabilité et la praticabilité des solutions sont vérifiées simultanément à leur dévelop- pement et la diffusion sur le terrain est accé- lérée. Agroscope et AGRIDEA s’investissent conjointement pour pratiquer davantage ce mode de travail en cocréation avec les autres partenaires du système de connaissances. Ce modèle est également prôné dans l’UE et soutenu par ses programmes. La Suisse présente les conditions idéales d’une colla- boration intense car notre petit pays est marqué par une grande culture de concertation et un dialogue facilité. Dans le courant de l’année passée, Agroscope et AGRIDEA, soutenus par l’Ofﬁce fédéral de l’agriculture (OFAG) et le Forum la Vulg Suisse (FVS), ont déﬁni des mesures pour intensiﬁer leur collaboration et en accroître l’impact sur leur 10 travail. Kaspar Grünig, président du FVS, estime que cette « utilisation efﬁcace des ressources (cocréation) est indispensable pour que les résultats de la recherche, de la vulgarisation et de la pratique puissent être utilisés rapidement et de manière proﬁtable. » La cocréation au concret AGRIDEA s’implique dans la plupart des nouvelles stations d’essais d’Agroscope où des réponses pragmatiques sont développées avec l’implication active des agricultrices et agri- culteurs et des services de vulgarisation régio- naux. Diverses mesures sont également entre- prises pour améliorer la compréhension mutuelle entre recherche et vulgarisation et ainsi promouvoir la cocréation. En septembre dernier, une rencontre entre expert-e-s con- cerné-e-s par les flux de nutriments a permis de mettre en commun les compétences dans ce thème complexe qui touche tant la pro- duction animale que la production végétale et les aspects d’équipements et de mécanisation. Ainsi, Agroscope et AGRIDEA renforcent résolument leur collaboration au bénéfice de l’agriculture et examinent également des pistes de collaboration avec le Forum La Vulg Suisse. « Cette collaboration interdisciplinaire riche de potentiel n’en est encore qu’à ses débuts ! », déclare Philippe Droz, membre de la direction d’AGRIDEA. Plus d’infos : www.agroscope.admin.ch

Arrivées chez AGRIDEA: Filipa Castro Carvalho Apprentie Personnel, Finances, Services Dès le 15.8.2022 à Lindau Vera Hofer Collaboratrice Formation, Vulgarisation Dès le 1.9.2022 à Lindau Maike Heuel Collaboratrice Production animale Dès le 1.10.2022 à Lindau Esther Haesen Collaboratrice Développement rural Dès le 15.11.2022 à Lindau Nouveau site web – Mesures relatives à la trajectoire de réduction des nutriments Les bilans de nutriments en Suisse révèlent un important excédent annuel qui entraîne des problèmes environnementaux. Au moyen de mesures spécifiques et d’innovations techni- ques, il serait toutefois possible de réduire les émissions dans les exploitations et la pression sur l’environnement. AGRIDEA dispose d’une grande expérience dans ce domaine et souhaite fournir une liste de mesures accessible au public afin d’orienter la vulgarisation et la pra- tique agricoles. Dans ce recueil, chaque mesure est brièvement expliquée, son effet par rapport à la trajectoire de réduction est présenté et des ouvrages complémentaires sont mentionnés avec des liens correspondants. Les mesures peuvent être facilement filtrées en fonction des besoins. Le site web sert de point d’entrée et de portail vers une recherche approfondie et est régulièrement complété. Parcourir la liste dès maintenant : www.agripedia.ch (en allemand) Personnel / Place du marché Plan d’affouragement de la prochaine génération Dans le cadre d’un projet commun avec AGRIDEA et melior, fenaco lance le plan d’affouragement numérique Rumiplan. Ce nouveau module de barto fournit la base de données pour une planification optimisée de l’affouragement. L’outil innovant met en réseau des informations sur l’alimentation et la production laitière en provenance de différentes sources et les regroupe dans une application. Les agriculteurs et agricultrices peuvent ainsi analyser plus facilement le plan d’affourage- ment et l’optimiser plus rapidement – même au niveau de chaque animal. Plus d’infos : www.barto.ch/fr Les femmes dans l’agri- culture – Étude 2022 Depuis 20 ans, l’OFAG effectue un monitoring de la situation sociale des familles paysannes. L’analyse de la situation et du rôle des femmes dans l’agriculture suisse, réalisée pour la troi- sième fois déjà en 2022, en est un élément central. Outre un sondage en ligne, l’étude comprend quatre discussions de groupe menées par AGRIDEA afin d’approfondir certains résul- tats. L’étude montre que l’image que les fem- mes ont d’elles-mêmes et de leur rôle évolue lentement. L’importance économique des femmes pour les entreprises augmente et les jeunes femmes en particulier assument de plus en plus de fonctions dirigeantes. La protection sociale s’est également nettement améliorée au cours des dix dernières années et, malgré une charge de travail plus importante, les femmes sont majoritairement satisfaites et envisagent l’avenir avec optimisme. Plus d’infos : www.agridea.ch 11

Place du marché FarmXchange – Améliorer l’évaluation des risques grâce à un échange interdisciplinaire Cette année, le FarmXchange s’est concentré sur la gestion des risques de la communauté d’exploitation de Schorenplus à Mühlau AG. En l’espace de six heures, deux équipes de conseil interdisciplinaires ont élaboré des solutions concrètes en tenant compte des risques identi- fiés dans les domaines des personnes, du changement climatique, de la production et du marché. À l’avenir, il s’agira de décider si l’on souhaite optimiser ce qui existe déjà ou em- prunter de nouvelles voies. Communiqué de média Il y a des recherches pour lesquelles la réponse est évidente ! Vous souhaitez actualiser vos connaissances et élargir vos compétences ? Nous sommes la centrale de vulgarisation spécialisée dans votre domaine de prédilection en agriculture. Nul besoin de chercher plus longtemps la bonne adresse pour votre développement profession- nel et personnel car il y a des recherches pour lesquelles la réponse est évidente ! Chez AGRIDEA, nous disposons d’un large réseau et réunissons dans nos formations continues des spécialistes de la recherche et de la pratique agricole. Ainsi, vous êtes informé-e-s des dernières actualités et pouvez échanger et réseauter dans une atmosphère stimulante. Parcourez dès maintenant notre vaste offre de formation continue : url.agridea.ch/cours 12 Que prévoit AGRIDEA pour 2023 ? Dans son nouveau programme, AGRIDEA présente les activités qu’elle envisage pour 2023. Il se base sur la convention de presta- tions 2022–2025 convenue entre la Conférence des directeurs cantonaux de l’agriculture (CDCA) et l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). Les activités englobent les six champs d’action connus. Dans ces thèmes, AGRIDEA continuera à promouvoir l’échange de connais- sances et à développer des prestations et des produits spécifiques sous forme de projets, de plateformes, de publications, de cours et de solutions logicielles. En 2023, la centrale de vulgarisation souhaite continuer à développer et à mettre en œuvre des solutions durables et adaptées à la pratique, dans le cadre de parte- nariats solides au sein du SCIA (LIWIS), le sys- tème de connaissances et d’innovation agri- coles. Elle donne la priorité à son engagement dans le domaine du changement climatique, des trajectoires de réduction et de la numérisa- tion. Découvrez également d’autres domaines dans lesquels nous nous engageons : Programme d’activité 2023 AGRIDEA Impressum Édition Contact Rédaction AGRIDEA e-agil@agridea.ch Andrea van der Elst (Responsable) Marc Gilgen Pierre Moretti Simon Binder Mise en page Merel Gooijer e-agil Numéros précédents Paraît trois fois par année.