e-agil – décembre 2023

No 3 / décembre 2023 Bulletin de la vulgarisation en milieu rural Parole aux jeunes Regards croisés sur la formation et l’agriculture de demain Le principe du regard multiple grâce aux outils numériques de gestion des troupeaux Entrée dans la recherche – un travail de bachelor différent 4 6 8 b o n n e z-v o u s à n o tre n e w sletter: u rl.a g rid e a.c h /c o m A

Point de vue Construire l’avenir ensemble Florian Sandrini, responsable du service de vulgarisation Production végétale & Environnement Arenenberg, membre du comité d’AGRIDEA depuis juin 2023 Florian Sandrini Chères lectrices, chers lecteurs, Quand vous êtes-vous demandé pour la dernière fois ce qui vous a marqué et pourquoi vous vous êtes engagé-e dans une voie plutôt qu’une autre ? L’agriculture m’a façonné depuis l’enfance. C’est un domaine dans lequel j’ai réussi très tôt à trouver ma place et qui m’a permis de m’épanouir sur le plan personnel ; ceci m’a motivé durablement et c’est pourquoi je travaille toujours dans ce secteur d’activité. Aujourd’hui encore, dans ma vie professionnelle, je m’efforce de contribuer à façonner l’agriculture de demain et de trouver de bonnes solutions. Dans mon nouveau rôle de membre du comité d’AGRIDEA, je m’engage à défendre les intérêts des organisations cantonales de vulgarisation. Dans ce cadre, je souhaite apporter mes compétences et mon regard pour qu’AGRIDEA, en tant qu’organisation centrale du système de connaissances et d’innovation agricoles (LIWIS), soit également en mesure de répondre aux besoins et aux déﬁs futurs. Alors que je réﬂéchis à l’endroit et à la manière dont je peux mettre mes compétences à proﬁt, les organisations doivent se demander qui elles doivent prendre en considération pour rester viables. L’accent est souvent mis sur les organisations au détri- ment d’une structure d’âge diversiﬁée. Certains groupes démo- graphiques peuvent se retrouver ainsi exclus de la participation. Or, différents groupes d’âge et de personnes peuvent avoir une perspective importante ou être directement concernés. La ques- tion se pose notamment de savoir si les « jeunes », en particulier, sont sufﬁsamment impliqués pour bâtir l’avenir. Je pense que seule la participation active de la jeunesse permettra de construire un avenir à la hauteur de celles et ceux qui comp- teront demain. Je suis certain que si nous donnons de l’espace aux jeunes et nous facilitons le dialogue entre les générations, nous parviendrons à des solutions qui créeront une réelle valeur ajoutée. Ce numéro d’e-agil donne la parole aux jeunes et met en lumière leurs approches et leurs idées. Je vous souhaite une bonne lecture. 2 Florian Sandrini

Arrivées au Forum la Vulg Suisse (FVS) L’assemblée des délégués du FVS, en septembre, a mis l’accent sur l’élection du comité, la mise en réseau des membres, les échanges animés sur des thèmes d’actualité ainsi que les visites d’exploitations. Kaspar Grünig, FVS L’assemblée annuelle des délégués s’est tenue dans le canton de Lucerne et a donné lieu à l’élection de nouveaux membres du comité. Johanna Schaufelberger, responsable de l’économie domestique au Strickhof, représente désormais l’économie domestique agricole et occupe le siège laissé libre par Eva Flückiger, Grangeneuve. David Rojard, responsable de Proconseil, remplace Stéphane Teuscher pour le canton de Vaud. Avec Stéphane Teuscher, les invités permanents Anton Stöckli, OFAG, et Ueli Ryser, AGRIDEA, ont également pris congé du comité. Anton Stöckli prend sa retraite et Ueli Ryser travaillera désormais pour barto. Leurs successeurs Mirco Plath, OFAG (depuis novembre 2023) et Lukas Kilcher, AGRIDEA (à partir de janvier 2024) reprendront leurs fonctions au sein du comité. Le canton de Lucerne a présenté des projets tels que l’Offensive Cultures Spéciales, qui encourage les cultures spéciales et les grandes cultures innovantes ainsi que leur mécanisation, et des projets tout au long de la chaîne de création de valeur. Les responsables de la vulgarisation ont visité l’exploitation d’agritou- risme de Stefan Emmenegger à Hasle LU ainsi que la nouvelle cave à fromage de la Napf- Chäsi à Luthern. Les 12 000 meules qui y sont stockées peuvent être préparées directement pour la livraison grâce au service d’emballage intégré. Plus d’infos : bfs-fvs.ch Actualités Nouvelles des cantons Arc jurassien : centre de compétence en agroécologie L’Université de Neuchâtel et la Fondation Rurale Interjurassienne (FRI) ont créé un Centre de compétence pour le développement de systèmes agroécologiques durables dans un contexte de changement climatique. L’objectif est d’accompagner et soutenir les acteurs des filières agricoles du Jura et du Jura bernois dans leur adaptation aux enjeux environnementaux et sociaux contemporains. Plus d’infos : communiqué de presse Fribourg : nouvelle stratégie pour pro- téger les sols Le Conseil d’Etat a adopté une nouvelle stratégie pour renforcer la protection des sols du canton. L’objectif est d’assurer la sécurité alimentaire et la qualité de l’eau, de préserver la biodiversité, de protéger la population contre les dangers naturels et de faire face aux changements climatiques. Une des mesures du Plan d’action consiste à renforcer les com- pétences professionnelles des agricultrices et agriculteurs en matière de protection des sols dans la formation et le conseil. Plus d’infos : communiqué de presse Valais : modernisation et valorisation du vignoble Le Département de l’économie et de la forma- tion a mis en consultation le projet de décision relatif à un crédit-cadre pour la modernisation et la valorisation du vignoble valaisan. Celui-ci vise à professionnaliser le vignoble et à l’équiper de structures lui permettant de relever les défis du 21e siècle. Il est doté de 141 millions de francs, pour un volume d’investissement total de 170 millions. Le crédit-cadre prévoit également la mise en place d’une bourse d’échange à l’échelle cantonale et un soutien à la rationalisation du foncier. Plus d’infos : communiqué de presse 3

Point fort Regards croisés sur la formation et l’agriculture de demain Olivier Girardin, Directeur de la Fondation Rurale Interjurassienne depuis 2004 et Michaël Berberat, élève en troisième année de Certificat Fédéral de Capacité (CFC) et apprenti sur une exploitation bio de 80 ha, nous livrent leur point de vue sur la formation agricole et ses défis à venir. futur-e-s élèves à choisir une place d’appren- tissage différente chaque année : c’est le meilleur moyen de découvrir et de mettre en pratique des connaissances variées. Enﬁn, la formation est aussi un moyen de créer du lien et de bâtir un réseau de savoir et d’entraide pour le futur. Pierre Moretti, AGRIDEA Quels sont pour vous les piliers de la formation agricole ? Michaël Berberat : Je dirais l’ouverture, la spécialisation ainsi que l’alternance entre théorie et pratique. Ma formation doit me permettre d’acquérir des connaissances de base solides – en matière d’agriculture, mais aussi d’enseignement général. J’ai abordé mon CFC avec une idée bien déﬁnie de ce que devrait être mon futur métier, mais grâce à la capacité d’écoute et d’ouverture de mes professeur-e-s, je m’intéresse maintenant aussi à d’autres thématiques. L’agriculture bio en fait partie, mais j’apprécie également de me sentir plus serein face aux exigences de la politique agricole : comprendre ses enjeux permet de moins la subir. J’apprécie que toutes les ques- tions soient traitées d’une manière approfondie ; les modules de spécialisation de la troisième année me permettent de m’investir dans les domaines qui me tiennent à cœur. L’alternance entre école et exploitation est essentielle pour favoriser l’apprentissage. J’encourage les Olivier Girardin : Les maîtres d’apprentissage sont un maillon essentiel de la formation agricole car elles/ils sont garants de la jonction entre théorie et pratique. Elles/Ils assurent la formation pratique et apportent également un soutien à la formation scolaire. Pour cette raison, il est primordial de bien les accompag- ner. Leur apport contribue également à indivi- dualiser la formation des étudiant-e-s. Un autre point essentiel est la réactivité par rapport au savoir enseigné. Le temps d’une transmission hiérarchique et linéaire du savoir entre la recherche et la formation est révolu. Désormais la formation doit faire preuve d’une grande « porosité » car les canaux de diffusion de la connaissance sont multiples. Des enseignant-e-s impliqués dans leur exploitation ou dans la vulgarisation permettent de gagner en réac- tivité. Par exemple, la FRI est engagée dans le programme de protection des ressources « Terres vivantes » ; les professeur-e-s également impliqués au titre de la vulgarisation peuvent ainsi dispenser un savoir actuel et dynamique autour du projet. Le monde du travail (par le biais de l’organisation du travail « AgriAliForm »), la Confédération et les 4

Cantons sont impliqués dans la conception et l’adaptation des programmes. C’est un trio très efficace pour fixer le cap et garantir l’homo- généité de la formation agricole au niveau fédéral. Quels sont les enjeux principaux auxquels la formation doit vous préparer ? Michaël Berberat : Tout au long de mon CFC, j’ai pris conscience que les agricultrices et agriculteurs doivent tout faire pour maîtriser leur production ainsi que le marketing et ne pas dépendre d’un seul partenaire commercial. Ceci passe par la vente directe et la multiplication des canaux de distribution. De la même manière, je suis convaincu que l’approvisionnement et l’autonomie de l’exploitation vont gagner en importance. La biodiversité est un enjeu majeur pour une agriculture durable, bien sûr, mais c’est aussi un excellent vecteur de promotion. Ce serait une erreur d’envisager ce point seulement comme une contrainte. L’une des forces de ma formation c’est qu’elle me donne des clés pour m’adapter à un contexte beaucoup plus changeant que dans le passé. Olivier Girardin : Qu’il s’agisse de politique agricole ou de changement climatique, nous nous devons de rendre nos futur-e-s diplômé- e-s plus serein-e-s face aux incertitudes. Les amener à développer une réﬂexion positive pour considérer ces enjeux non comme des menaces mais comme des opportunités à saisir pour développer des systèmes de production plus agiles et adaptatifs. De la même façon, nous devons nous garder de tout dogmatisme en matière de relations avec la société civile. La FRI met tout en œuvre pour promouvoir l’image de l’agriculture et faire que ces deux entités se comprennent. Par exemple, tous les deux ans, 15 000 personnes viennent nous visiter à l’occasion du concours des produits du terroir que la FRI organise. Les instituts de formation agricole entretiennent partout en Suisse des liens privilégiés avec la société civile. Et en termes de notoriété, les choses ne vont pas si mal que ça : quoiqu’on en dise, je pense que l’image de l’agriculture s’est considérablement améliorée au cours des trente dernières années. Monsieur Girardin, doit-on envisager de prochains changements structurels en matière de formation agricole ? Une réforme est en train d’aboutir concernant l’ajout au CFC d’une année de spécialisation facultative (3+1) qui donnera la possibilité d’approfondir un domaine de prédilection (par exemple : grandes cultures ou production bovine). Ceci va dans le sens d’une meilleure prise en compte des besoins individuels mais le nombre d’élèves qui choisiront cette année supplémentaire représente pour moi une incon- nue. En outre, il me semble urgent de se pen- cher sur le sort de la formation « Obtention des paiements directs » ; sous sa forme actuelle, elle ne milite pas dans le sens d’une profession- nalisation de l’agriculture. Quelles sont les tendances auxquelles la formation agricole devra s’adapter ? Contrairement aux idées reçues, je pense que « l’industrialisation » de l’agriculture portée par un modèle ultra consumériste va ralentir. Les différentes crises politiques et climatiques vont nous ramener vers les racines de l’agriculture, avec un renforcement des structures à taille humaine et familiales au sein desquelles l’agriculteur-trice retrouvera sa position de « gardien-ne de la terre », garant de sa trans- mission aux futures générations. La FRI dispense les cours de Certificat Fédéral de Capacité ainsi que l’enseignement d’Agropraticien/-ne à plus de 100 élèves du Jura et du Jura bernois. Les cours sont donnés par une vingtaine d’enseignant-e-s, qui, pour la plupart d’entre-elles/eux travaillent au bénéfice de la vulgarisation agricole à la FRI ou sont également agriculteur-trice-s. En outre, la FRI propose les cours préparatoires au Brevet et à la Maîtrise agricoles ainsi que de nombreux cursus de formation continue. Plus d’infos : agri-job.ch 5

Méthodes Nadia Burger Anja Schmutz Le principe du regard multiple grâce aux outils numériques de gestion des troupeaux Les outils numériques aident la pratique et la vulgarisation à optimiser l’observation et la gestion des troupeaux. Nadia Burger, agricultrice, et Anja Schmutz, conseillère / enseignante au Centre agricole de Liebegg, expliquent comment les données numér- iques soutiennent leur travail et où elles envisagent un potentiel. Andrea van der Elst, AGRIDEA Un œil sur le troupeau, jour et nuit Nadia Burger gère son exploitation laitière seule, ce qui fait de l’observation du troupeau un véritable déﬁ. Les outils numériques offrent une aide précieuse. Des capteurs placés sur les vaches mesurent leurs activités et la traite est assurée par un robot de traite. Ainsi Nadia Burger surveille ses vaches même lorsqu’elle n’est pas dans l’étable, par exemple la nuit. Anja Schmutz voit dans les données numéri- ques l’avantage de disposer d’un aperçu du troupeau sur une longue période en ne se limitant pas à des instantanés. Apprendre à se connaître Nadia Burger raconte comment, au début, elle n’a pas toujours réagi, notamment la nuit, aux nombreux avertissements reçus. Ce n’est que le lendemain matin, en entrant dans l’étable, qu’elle a découvert qu’elle avait manqué des vêlages ou qu’une vache avait glissé. Le vété- rinaire a dû alors intervenir. Nadia souligne qu’il faut du temps et de la pratique pour maîtriser l’outil, mais que ce temps est bien investi. Nadia Burger : « J’ai déjà mis les pieds dans le plat en ne tenant pas compte des avertissements. » Des données pour des décisions fondées Les expériences réussies ne se sont toutefois pas fait attendre. Grâce aux capteurs, Nadia Burger a pu détecter à temps des chaleurs silencieuses, ce qui lui a permis d’économiser les frais de vétérinaire. Anja Schmutz souligne l’importance de bien gérer les données, de les vériﬁer et de les interpréter régulièrement aﬁn de s’occuper du troupeau de manière optimale et de réagir rapidement et correctement aux messages d’alarme. Les données du pro- gramme du troupeau, les listes de fertilité, les indicateurs d’activité et les mesures de poids permettent une évaluation approfondie de l’alimentation, de la lactation et de la santé des animaux. On peut ainsi détecter rapide- ment les vaches souffrant de cétose ou les vaches en chaleur en été. Les données numé- riques fournissent aux chefs d’exploitation et aux conseillers des informations fondées sur le troupeau et permettent de développer des stratégies à long terme et d’en évaluer le succès, souligne Anja Schmutz. Alimentation : l’alpha et l’oméga de la santé animale Les deux professionnelles sont d’accord : outre un confort optimal, une bonne santé et de 6

Droit Nouvelle décision de principe sur la révo- cation des autorisations d’acquisition Le Tribunal fédéral s’est récemment prononcé dans un nouvel arrêt de réfé- rence sur la révocation d’autorisations d’acquisition accordées à tort ainsi que sur la rectification correspondante du registre foncier. En octobre 2011, A a obtenu une autori- sation pour l’acquisition de deux terrains agricoles. En janvier 2021, l’autorité compé- tente a révoqué l’autorisation, car A l’avait obtenue par de fausses déclarations. Par la suite, la rectiﬁcation du registre foncier, c’est-à-dire la réinscription du propriétaire précédent, a également été ordonnée. A a fait recours séparément contre chacune de ces deux décisions. Le temps que le Tribunal fédéral se prononce sur la révocation de l’autorisation, le délai de dix ans pour la rectiﬁcation du registre foncier selon l’art. 72 al. 3 LDFR était déjà écoulé, raison pour laquelle A a fait valoir que la rectiﬁcation n’était désormais plus possible. La Cour fédérale, en revanche, a conclu que, suite au retrait d’une autorisation dans le délai de dix ans, conformément à l’art. 71 al. 2 de la LGCA, le registre foncier devait être rectiﬁé en vertu de l’art. 72 al. 1 de la LGCA, même si la décision correspondante n’avait été rendue qu’après l’expiration du délai de l’art. 72 al. 3 de la LGCA. Dans un tel cas, le délai de l’art. 72 al. 3 de la LGCA n’est pas applicable, car il ne s’applique qu’aux actes juridiques nuls qui ont été injustement inscrits au registre foncier malgré l’absence d’autorisation ou son refus. La plainte d’A a donc été rejetée (Arrêt 2C_856/2021 du 27 septembre 2023). Andreas Wasserfallen, agronome et avocat bons soins, une alimentation de haute qualité et adaptée aux besoins est primordiale pour qu’une vache produise sufﬁsamment. Anja Schmutz voit donc un potentiel dans des outils comme Rumiplan, car les données du contrôle laitier sont automatiquement prises en compte pour le calcul des apports individuels. Les systèmes qui mesurent la rumination permet- tent de tirer des conclusions sur la structure de l’alimentation à plus long terme. L’évaluation humaine reste décisive La collaboration entre agriculteur-trice, le troupeau et les outils numériques est essen- tielle à la réussite. Les outils fournissent des alertes et des données, mais l’évaluation et l’expérience humaines sont déterminantes pour interpréter et agir correctement. Anja Schmutz : « L’interaction entre les chefs d’exploitation, le troupeau et l’outil est nécessaire. » Potentiel inexploité Bien que les outils numériques gagnent en importance dans l’agriculture, il reste encore des déﬁs à relever. La diversité des systèmes et outils exige des conseillers qu’ils gardent une vue d’ensemble. Les chefs d’exploitation doivent sélectionner soigneusement les données utiles et la manière de les utiliser pour atteindre leurs objectifs. Il est également possible de mieux utiliser les données déjà disponibles. Le soutien des conseillers, des fournisseurs ou l’échange d’expériences avec les chefs d’exploitation peut être décisif pour exploiter pleinement le potentiel des outils numériques. Les interfaces entre les différents systèmes doivent être développées aﬁn de permettre une intégration sans faille et une meilleure analyse et interprétation des données, résume Anja Schmutz. Malgré ces déﬁs, il est clair pour Nadia Burger qu’elle ﬁxe les bonnes priorités lorsqu’elle enﬁle ses bottes et allume son PC en premier le matin. Plus d’infos : agridea.ch 7

Étranger Entrée dans la recherche – un travail de bachelor différent Les étudiants en agronomie de la BFH- HAFL, option agriculture internationale, effectuent des stages de six mois à l’étranger afin d’acquérir de l’expérience dans la recherche. Un tel stage a conduit Fiona Weirauch au Cambodge. Elle y a contribué activement à la mise en place d’une gestion communautaire des feux en forêts inondées de manière saisonnière autour du lac Tonlé Sap. Fiona Weirauch, Haute école spécialisée bernoise BFH-HAFL Dans le cadre d’un projet avec RECOFTC (The Center for People and Forests), j’ai pu vivre et faire des recherches pendant six mois au Cambodge. Ce projet m’a fait passer directe- ment de la salle de cours au terrain. Une hiérarchie et planification inhabituelles Le jour des entretiens, notre minibus s’est arrêté à 8 h 00 précises dans un village de pêcheurs. Nous n’avons toutefois pas pu com- mencer avant que le chef du village ne soit présent, car dans ce contexte fortement hié- rarchisé, l’approbation des responsables locaux est décisive. À 15 h 30, il ne manquait plus que huit entretiens. Mais le chef du village a décidé de reporter les entretiens restants au lendemain. Souvent, tout ne se passait pas comme prévu lors de mes enquêtes. J’ai été surprise par des événements inopinés, comme 8 des séances d’information sur les mines ou des pluies de mousson soudaines. Barrières linguistiques En raison de la barrière linguistique, j’ai dû faire appel à d’autres personnes pour la collecte des données. Lors des sorties de recherche, j’étais armée d’un stylo, d’un carnet et d’un traduc- teur Google pour suivre les conversations des membres de mon équipe. Ce n’est qu’en cas d’urgence que mon équipe traduisait ce qui était dit. Les villageois ont commencé à me reconnaître comme visage du projet local, ce qui a été une expérience extraordinaire pour moi. Des expériences et des connaissances variées Le projet implique 15 communautés, mais celles-ci se trouvent à différentes étapes du processus, de la plantation d’arbres à la diffu- sion d’informations sur les incendies de forêt. J’ai pu aider à planter des semis, participer à des réunions de réseau, rédiger des rapports pour le siège et faire partie d’une plus grande équipe. J’ai pu découvrir la diversité des tâches et proﬁter de l’expérience des membres de mon équipe. J’ai pris conscience de l’impor- tance de connaître les conditions locales et les sources de revenus de la population, car les pratiques des habitants et donc les menaces qui pèsent sur les forêts inondées y sont fortement liées. Plus d’infos : bfh.ch, recoftc.org (en anglais)

Projets Découvrir des variétés et les mettre à disposition de la pratique méthodes modernes, mais l’expérience des spécialistes plus âgés est extrêmement pré- cieuse ». Pour lui les problèmes touchent plutôt à la pression du temps, de l’argent et à la vision de l’avenir. « La pratique demande des solutions, mais la recherche a besoin de temps. De plus, il faut obtenir des fonds. Et nous ne connaissons pas l’avenir ; si c’était le cas nous pourrions nous mettre au travail de manière plus ciblée ». Il faut donc aussi un peu de chance. Kevin Gauthier ne se décourage pas pour autant. Son travail est sa passion et « découvrir puis mettre à disposition de la pratique par le biais du conseil » le motive particulièrement. Les spécialistes de la vulgarisation cantonale lui envoient par exemple des rapports et des échantillons sur les épidémies. Il identiﬁe l’agent pathogène en laboratoire. Il annonce ses résultats, mais donne aussi des recom- mandations : « L’objectif est de cultiver des variétés adaptées à l’endroit ; ainsi elles résisteront aux maladies, donneront de bons rendements et une récolte de haute qualité : exactement ce que souhaite la pratique. » Plus d’infos : agroscope.ch Kevin Gauthier recherche des variétés parentales résistantes aux maladies et des gènes de résistance pour le blé et le soja pour les mettre à disposition de la sélec- tion. L’objectif de ce trentenaire est clair. Carole Enz, Agroscope Kevin Gauthier travaille à Agroscope depuis avril 2023 en tant que présélectionneur pour la résistance aux maladies du blé et du soja. Il identiﬁe les variétés parentales résistantes aux maladies et les gènes de résistance pour le blé et le soja puis les recommande aux sélection- neurs de variétés. La motivation de ce Français trentenaire et originaire d’Annecy : contribuer à endiguer les crises alimentaires mondiales avec des variétés résistantes aux maladies et adap- tées aux conditions locales. Kevin Gauthier participe à deux projets qui ont déjà enregistré leurs premiers succès : le projet SANSCARIE (en collaboration avec Delley semences et plantes SA -DSP- et Getreide- züchtung Peter Kunz -GZPK-), et le projet GWAS. Ils ont permis d’identiﬁer des variétés ou des domaines génomiques résistants à la carie commune ou à la rouille jaune et brune. La recherche demande du temps, de l’argent et de la chance Kevin Gauthier vit les différences entre les générations comme un enrichissement : « Les jeunes scientiﬁques utilisent souvent des 9 9

Collaboration Quand les collaborations ouvrent les portes aux jeunes Les collaborations entre les exploitations présentent des avantages économiques, mais pas seulement. Cela permet aussi de faciliter la prise de congés, l’expérience de nouvelles techniques de production, l’acqui- sition de matériel, voire de réduire certains risques et de s’enrichir mutuellement. Magali Lacam, AGRIDEA Assurément, une exploitation qui collabore est plus robuste et plus attractive pour les jeunes. A l’inverse, on entend parfois que la collaboration est une affaire de personnes et qu’à la pro- chaine génération « cela ne continuera peut être pas ». Mais alors, en pratique, comment fonc- tionnent les collaborations qui durent et qui aident les jeunes à se lancer ? Coopération durable Sur la plateforme agripedia.ch dédiée aux collaborations, on trouve de nombreux cas pratiques sous forme de ﬁches ou de vidéo. On peut y entendre Nicolas Pavillard, membre d’une communauté partielle d’assolement en commun. La communauté s’est créée avec les « papa » et aujourd’hui toutes les exploitations ont été transmises aux ﬁls. David, un jeune agriculteur, est rentré dans la communauté dès la reprise de l’exploitation. Tout en acceptant le fonction- nement établi, il y a vu essentiellement des points positifs : partage du risque, possibilité de prendre des vacances, de faire des tests sur quelques hectares. Pour Nicolas Pavillard, 10 l’entrée de David a été « un événement clé pour la durabilité de leur association à long terme parce qu’il tire le groupe en avant ». Tout le monde a une voix Peter Suter, membre de la communauté d’ex- ploitation Hinterschoren, explique que la parti- cipation à la communauté n’entrave en rien la transmission de son exploitation. Les jeunes sont déjà membres de la communauté et reprendront progressivement la propriété des bâtiments. Au sein de la communauté, ce sujet est abordé et chacun peut s’exprimer sur comment il se voit à l’avenir. Encouragement de la diversification La collaboration, c’est aussi l’opportunité de développer de nouvelles activités. L’exemple du service traiteur collectif des paysannes bâloises nous montre que le collectif permet un engage- ment « à la carte » selon ses disponibilités, ce qui peut être pratique pour la jeune génération très occupée mais intéressée par la diversiﬁcation. Vaste offre sur agripedia.ch De nombreuses informations sont à la disposi- tion de la vulgarisation sur agripedia.ch aﬁn d’accompagner des projets de collaboration. Par ailleurs AGRIDEA offre des espaces d’échange, par exemple au travers des cours ou des plateformes intercantonales. Plus d’infos : agripedia.ch

Arrivées chez AGRIDEA : Daniel Kurkus Chef de groupe suppléant Personnel, Finances, Services Dès le 1.8.23 à Lausanne Andreia Trigo Collaboratrice Communication, Médias Dès le 21.8.23 à Lausanne Vitor Vaz Afonso Collaborateur Technologies de l’information Dès le 1.9.23 à Lausanne Anne-Valentine De Jong Collaboratrice Production végétale, Environnement Dès le 9.10.23 à Lausanne Sandrine Oberli Collaboratrice Personnel, Finances, Services Dès le 16.10.23 à Lausanne Mémento agricole et agenda 2024 Largement diffusé dans les exploitations agricoles romandes, le mémento et son agenda sont également utilisés dans les écoles d’agri- culture. Outil adapté, ﬁable et actuel, le mémento réunit des données d’ordre technique et économique tant pour le domaine végétal qu’animal ainsi que pour l’organisation du travail. Une véritable aide à la décision et un document de référence indispensable à la bonne gestion de votre entreprise. Plus d’infos : publication, abonnement annuel Personnel / Place du marché Des performances accrues grâce à une durée de vie optimale des vaches laitières ? Depuis avril 2020, des scientiﬁques du FiBL, de la HAFL et d’AGRIDEA étudient avec d’autres partenaires les facteurs d’inﬂuence sur la durée d’utilisation des vaches laitières ainsi que les effets sur l’économie et l’écologie de l’exploi- tation. Une durée d’utilisation optimale peut avoir des effets positifs sur la marge brute, les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation des surfaces et l’efﬁcience des ressources. Participez à l’atelier gratuit du 8 février à Grangeneuve FR, axé sur l’économie et l’écologie, et informez-vous sur les dernières découvertes du projet. Plus d’infos : atelier, agripedia.ch Bonnes pratiques d’utilisation des pulvéri- sateurs à longue portée Les pulvérisateurs à longue portée permettent d’effectuer les traitements sur de grandes distances. Mais, en raison de leur portée plus longue que celle des autres pulvérisateurs, ils engendrent plus facilement une dérive s’ils ne sont pas utilisés correctement. Pour réduire ce risque et encourager les bonnes pratiques agricoles, AGRIDEA a récemment publié deux brochures gratuites. Ces brochures présentent les bonnes pratiques d’utilisation de ces pulvérisateurs aﬁn d’obtenir la meilleure protection possible de la culture, de garantir le respect de la faune et de la ﬂore environnantes et d’éviter les risques pour les utilisateur-trice-s, le voisinage, les tiers et les eaux de surface. Plus d’infos : arboriculture, viticulture 11

Place du marché Se tenir au courant Comme vous l’avez probablement déjà remar- qué, nous proposons régulièrement de nou- veaux cours et publications qui abordent les problématiques actuelles de l’agriculture. C’est pourquoi il est intéressant de s’abonner à notre newsletter mensuelle et de nous suivre sur Facebook, LinkedIn et YouTube. De cette manière, vous ne manquerez aucune actualité ! Inscrivez-vous dès maintenant à l’AGRIDEAletter et suivez-nous : url.agridea.ch/com Bienvenue sur l’Exploi- tation de démonstration « Produits phytosani- taires et eaux » Lors de son ouverture ofﬁcielle le 7 novembre 2023 à Zollikofen BE, une soixantaine de personnes ont pu découvrir des systèmes de traitement des eaux usées contenant des produits phytosanitaires. AGRIDEA, INFORAMA et la Haute école spécialisée bernoise BFH-HAFL ont mis sur pied en l’espace d’un an la pre- mière exposition suisse. Grâce à des cours réguliers, des manifestations et un large éven- tail d’appareils, l’exploitation de démonstration explique de manière pratique comment il est possible d’organiser une gestion durable des produits phytosanitaires dans l’agriculture. Plus d’infos : communiqué de presse 12 Rumiplan pour la formation La planiﬁcation de l’alimentation des vaches laitières nécessite de nombreuses connaissances pour pouvoir calculer des rations qui tiennent compte à la fois des animaux, des performan- ces et de l’environnement. Le nouveau module barto Rumiplan, adapté à la pratique, complète désormais la liste des applications disponibles pour la formation à l’alimentation des rumi- nants. Dès à présent, toutes les écoles bénéﬁcient d’un accès gratuit à Rumiplan aﬁn de pouvoir l’utiliser dans leurs cours en complément du PAFF. Pour ce faire, toutes les écoles peuvent s’adresser directement à barto au 0848 933 933. En outre, du matériel pédago- gique gratuit sur Rumiplan est à votre disposi- tion. Plus d’infos : agridea.ch Impressum Édition Contact Rédaction AGRIDEA e-agil@agridea.ch Andrea van der Elst (Responsable) Marc Gilgen Pierre Moretti Nadia Frei Mise en page Merel Gooijer e-agil Numéros précédents Paraît trois fois par année.