e-agil août 2024

No 2 / août 2024 Bulletin de la vulgarisation en milieu rural Eau et agriculture Slow Water pour notre paysage culturel Peut-on réduire les pertes d’eau dans le sol ? Utilisation efficace de l’eau dans les zones arides 4 6 8

Point de vue Laissez couler Lukas Kilcher, directeur d’AGRIDEA Chère lectrice, cher lecteur, Il y a 20 ans, je travaillais souvent dans les régions tropicales, où je vivais des pluies de mousson intenses après des mois de séche- resse. Ces extrêmes climatiques sont un stress immense pour les sols, les plantes, les animaux et les humains. Cependant, la nature s’y est adaptée et les populations ont appris à vivre avec ces conditions depuis longtemps. Avec le changement climatique, nous observons également chez nous une augmentation des périodes de sécheresse prolongée et des pluies torrentielles. Mais contrairement aux pays du Sud, nous ne disposons pas encore de toutes les connaissances nécessaires pour y faire face. Nous devons apprendre à mieux gérer l’eau de pluie pour l’utiliser en période de sécheresse et réduire l’érosion. En 2021, alors que j’étais directeur d’Ebenrain, j’ai collaboré avec Johannes Heeb, expert en gestion de l’eau chez seecon, pour développer des stratégies de rétention visant à ralentir l’écoule- ment de l’eau de pluie. Cette approche innovante nous a valu le Bronze Award au Swiss Water Climate Forum 2021. Grâce à Urs Kiener, agriculteur à Hergiswil LU, nous avons également pu compter sur le canton de Lucerne comme partenaire. Kiener et ses collègues agriculteurs ont constaté que même dans des régions pluvieuses comme l’arrière-pays lucernois, l’eau se fait rare. Motivés par cette distinction, nous avons développé le projet de ressources « Slow Water », mis en œuvre depuis 2024 dans deux régions pilotes de Lucerne et de Bâle-Campagne, soutenu par l’Université de Bâle et financé par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). AGRIDEA compile et diffuse les connaissances acquises. C’est dans ce domaine qu’AGRIDEA excelle, et je le savais bien avant d’assumer mes nouvelles fonctions de directeur d’AGRIDEA. En collaboration avec tous les partenaires du projet, nous élabo- rons un guide pour les conseiller-ère-s, des fiches techniques sur les méthodes de rétention, ainsi que des vidéos pédagogiques par- tageant les expériences pratiques de la mise en œuvre des mesu- res de rétention. La planification et la mise en œuvre de mesures de rétention sont à la fois exigeantes et simples. Vous en saurez davantage en lisant l’article « Slow Water pour notre paysage culturel » en pages 4 et 5 de ce numéro. Je vous souhaite une bonne lecture ! Lukas Kilcher 2

L’eau et l’agriculture – un partenariat à sens unique jusqu’à présent Pendant des siècles, l’eau et les cours d’eau ont été combattus par l’agriculture, l’urbanisation et les infrastructures de transport. Le changement climatique exige une nouvelle collaboration. Christian Stamm, Eawag L’agriculture et l’eau entretiennent une relation à sens unique. Alors que les agriculteur-trice-s dépendent de l’eau, celle-ci demeure imprévisible – tantôt elle est abondante, tantôt elle se fait rare. Il est donc naturel que le monde agricole ne veuille pas rester les bras croisés : l’endiguement des ruisseaux, les digues, les systèmes de drainage et les réseaux d’irrigation sont autant de moyens pour tenter de contrôler cette ressource. Cependant, ces mesures atteignent leurs limites face aux sécheresses prolongées et aux pluies diluviennes, qui augmentent avec le changement climatique. Comment la gestion de l’eau et l’agriculture peuvent-elles alors coopérer pour limiter les dégâts ? Il faut gérer l’eau parcimonieusement, en adoptant des pratiques agricoles adaptées au site et en préservant des espaces pour les cours d’eau et la rétention d’eau. L’assèchement des petits ruisseaux et la surexploitation des eaux souterraines pour l’irrigation doivent cesser. Les zones humides doivent être préservées pour recharger les nappes phréatiques et favoriser la biodiversité. Pour des raisons économiques et écologiques, la protection contre les inondations ne doit pas passer par la construction de digues toujours plus hautes et la lutte contre la dynamique des cours d’eau. Au contraire, une nouvelle collaboration est nécessaire qui équilibre les multiples fonctions de l’eau : pour l’agriculture, l’eau potable, la biodiversité, les loisirs et la beauté du paysage. Actualités Nouvelles des cantons Valais : agir pour la gestion de l’eau Laurent Horvath a pris ses fonctions en tant que délégué cantonal en charge des questions liées à la gestion de l’eau et c’est une première en Suisse. Cette nomination est l’une des trente-neuf mesures de la stratégie eau adop- tée par le canton du Valais en 2014. Le délégué aura notamment la charge de planifier les mesures d’anticipation des risques et de coordonner les actions à l’échelon cantonal et intercantonal. En outre le canton a récemment annoncé des mesures incitatives pour l’utilisation vertueuse de l’eau pour l’arrosage des terrains de sport. Plus d’infos : rts.ch, 20min.ch Zoug : le projet KERB pour une agriculture durable Avec le projet « KERB » (en français CERB pour « climat, énergie, ressources et biodiversité »), le canton de Zoug souhaite prendre de l’avance sur la stratégie 2050 de l’OFAG en faveur d’une alimentation et d’une agriculture durables. Ce sont les agriculteur-rice-s qui ont directement choisi les sept mesures du projet autour de thèmes variés (gestion des effluents, alimentation des animaux, etc.). Plus d’infos : schweizerbauer.ch (en allemand) Thurgovie : nouvel institut sur le site de Tänikon Sur mandat du canton et dans le cadre du plan stratégique « Thurgovie 2040 », la Haute école spécialisée de Suisse orientale (OST) ouvre un nouvel institut sur le site de Tänikon. Ses travaux porteront sur le smart farming ainsi que sur les systèmes intelligents dans l’agriculture et l’agroalimentaire. La présence de l’institut sur le site de Tänikon offre de vastes perspectives pour la recherche appliquée dans ces domaines. L’institut ouvrira ses portes le 28 novembre 2024. Plus d’infos : ost.ch (en allemand) 3 3

Point fort Slow Water pour notre paysage culturel Le projet « Slow Water » étudie et teste des méthodes sur mesure de rétention de l’eau dans les régions de Bâle-Campagne et de Lucerne. En combinant de manière judicieuse des approches éprouvées, telles que les semis intercalaires, avec des techniques innovantes, comme les keylines, l’objectif est de garantir à long terme l’approvisionnement en eau et de prévenir l’érosion. Lukas Kilcher, AGRIDEA Sécheresse et érosion menacent les récoltes et les terres Pour de nombreuses exploitations agricoles, l’appro- visionnement en eau devient un défi croissant, que ce soit pour la production végétale ou l’élevage. Les communes sont aussi fréquemment confrontées à des inondations lors de fortes pluies ou à des pénuries d’eau en été. La demande croissante en eau de la part de l’agriculture et d’eau potable de la part de la société pendant les périodes de sécheresse, conduit de plus en plus souvent à des restrictions d’usage, obligeant ainsi les communes à appeler leurs habitants à économiser l’eau ou à importer de l’eau des communes voisines. C’est précisément là qu’intervient le projet « Slow Water » : dans les régions pilotes de l’Oberbaselbiet, du Moostal à Riehen, ainsi que dans l’ouest de Lucerne, des stratégies de rétention spécifiques aux exploitations et aux bassins versants sont dévelop- pées en collaboration avec les communes et leurs agriculteur-trice-s depuis 2024, et leur efficacité est évaluée. Rendre la précieuse eau de pluie disponible Au cours des dernières décennies, d’innombrables drainages, des rectifications de cours d’eau et des champs de plus en plus grands et moins structurés ont accéléré l’écoulement de l’eau. Face à l’aug- mentation des extrêmes météorologiques, un changement de paradigme est nécessaire : il s’agit désormais de ralentir l’écoulement de l’eau afin de 4 ne pas perdre cette précieuse eau de pluie et de la rendre disponible pour les plantes pendant les périodes de sécheresse. Un projet avec de solides partenariats L’idée de ralentir l’écoulement de l’eau de pluie grâce à des mesures de rétention a donné nais- sance à un projet commun entre le Centre Ebenrain pour l’agriculture, la nature et l’alimentation et la seecon International GmbH. Le canton de Bâle- Campagne a d’abord servi de site pilote unique. Le Nord-Ouest de la Suisse est aussi particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique en raison de températures plus élevées et de faibles précipitations. De plus, les sols du Jura ont une tendance naturelle à s’assécher et les cours d’eau utilisables pour l’irrigation manquent. À l’initiative d’Urs Kiener, agriculteur et maire de Hergiswil LU, le canton de Lucerne est également devenu un partenaire du projet. Bien que les précipitations soient plus importantes dans l’arrière- pays lucernois, l’approvisionnement en eau y est aussi menacé en raison des phénomènes météo- rologiques extrêmes. Les autres partenaires impliqués sont les offices de l’agriculture et les services de conseil des deux cantons, 18 communes, les associations cantonales d’agriculteur-trice-s, Bio Nordwestschweiz, Ralentir, inﬁltrer et stocker les eaux de pluie sur les exploi- tations agricoles et dans les bassins versants

Les objectifs de Slow Water • L’objectif principal du projet est de maintenir durablement la productivité de la production végétale et de l’élevage. En effet, sans eau les plantes ne peuvent pas pousser, et sans croissance des plantes, les rendements en pâtissent. • Les mesures de rétention doivent contribuer à réduire la consommation d’eau de l’agriculture en retenant et en stockant l’eau qui tombe du ciel. • Le ralentissement de l’écoulement et le renforcement du stockage de l’eau de pluie doivent permettre de retenir le précieux liquide dans les terres cultivées. • Le projet vise à prévenir l’érosion grâce à un écoulement plus lent. • Le projet contribue ainsi à garantir l’approvision- nement en eau des communes et à protéger les infrastructures communales et les propriétés privées contre les inondations et les dommages causés par les crues. l’Université de Bâle (monitoring des effets), seecon GmbH (gestion intégrée de l’eau), GWF (systèmes de mesure) et AGRIDEA (outils de conseil). L’Office fédéral de l’agriculture soutient financièrement le projet. Combinaison créative de techniques de rétention Le cœur du projet, les techniques de rétention, est développé en collaboration avec les exploitations agricoles et les communes d’un bassin versant. Slow Water encourage les mesures agronomiques, telles que les keylines ou les semis intercalaires, ainsi que des techniques de rétention hydrotechni- ques, comme les bassins de rétention ou les dépres- sions d’infiltration. L’innovation et la force de la boîte à outils Slow Water résident dans la combinai- son localement adaptée de ces mesures, tant au niveau des exploitations agricoles que des bassins versants. Une mesure seule ne pourra pas retenir beaucoup d’eau, c’est pourquoi on cherche à les associer pour en intensifier l’effet. Par exemple, un semis intercalaire peut retenir de l’eau et ainsi renforcer l’effet d’un bassin d’infiltration sous- jacent en atténuant et en retardant les pics de débit. AGRIDEA prépare les connaissances pour la pratique « Slow Water » ne vise pas seulement à développer et tester des techniques de rétention. Les connais- sances acquises doivent également être préparées pour le conseil et la pratique. Une équipe d’AGRIDEA travaille avec des spécialistes de la rétention sur un guide de conseil qui décrit en détail les mesures et soutient les conseiller-ère-s ainsi que les producteur-trice-s à développer des stratégies sur mesure pour des bassins versants spécifiques. Cela nécessite une démarche co-créative impliquant les agriculteur-trice-s, les expert-e-s en rétention d’eau, les organismes de conseil cantonaux, les représen- tant-e-s des communes ainsi que l’Université de Bâle. Plus d’infos sur le projet : baselland.ch (en allemand), ufarevue.ch Le premier cours national « Comment retenir l’eau dans les sols agricoles ? » du 26 septembre 2023 a suscité un grand intérêt. Le prochain cours sur la rétention d’eau aura lieu le 4 septembre 2024 à la ferme Katzhof LU. Une conférence nationale annuelle est prévue, qui figurera chaque fois dans le programme des cours d’AGRIDEA Plus d’infos sur le cours (en allemand) : agridea.ch Méthodes traditionnelles et nouvelles de stockage de l’eau « Slow Water » utilise à la fois des mesures de rétention éprouvées en Suisse et des méthodes issues de régions méditerra- néennes plus sèches. Méthodes connues et éprouvées : • Semis intercalaires, ensemencements • Travail du sol en douceur • Haies le long des courbes de niveau • Agroforesterie, verger • Bandes enherbées sur terres arables • Constitution d’humus Méthodes moins connues dans notre pays : • Culture le long des keylines : schéma de travail et de plantation le long des courbes de niveau • Bassins de rétention avec ou sans infiltration • Canaux et cuvettes d’infiltration • Collecte des eaux de pluie • Utilisation des systèmes de drainage pour le stockage de l’eau 5

Méthodes Peut-on réduire les pertes d’eau dans le sol ? Dans le cadre d’un projet Interreg, des spécialistes d’Agroscope et de trois insti- tuts allemands ont étudié comment aug- menter la disponibilité de l’eau dans les vergers pour retarder le stress hydrique. L’étude a principalement porté sur l’apti- tude des agrégats du sol à augmenter la capacité de stockage d’eau, la tolérance à la sécheresse du sol, et la possibilité de réduire les pertes d’eau par évaporation grâce aux couvertures. Thomas Kuster, Agroscope Par temps sec, l’irrigation est généralement inévitable. Mais est-il possible de retenir l’eau disponible pour pallier ou au moins retarder les périodes de pénurie ? Cette approche est appelée la gestion préventive de l’eau. Dans le cadre d’un projet Interreg de trois ans en Allemagne et en Suisse, des spécialistes d’Agroscope, de la Haute École de Weihenstephan-Triesdorf (HSWT), du Centre de compétence en arboriculture du lac de Constance (KOB) et de la Station bavaroise de viticulture et d’horticulture (LWG), ont examiné comment augmenter préventivement la disponibilité de l’eau dans les vergers. Des agrégats de sol tels que du compost, du charbon végétal, de la houille et d’autres matériaux rocheux, ainsi que des produits synthétiques, ont été testés. Des copeaux de bois, de l’ensilage d’herbe ou du paillis pulvérisé ont été utilisés comme matériaux de couverture. De plus, des sous-semis de légumineuses à faible rendement ont été étudiés dans les allées d’arbres. Les agrégats apportent peu Les agrégats de sol peuvent, en raison de leurs propriétés physiques, stocker l’eau après les précipitations et la restituer aux plantes lorsque c’est nécessaire. Par exemple, le charbon végétal peut absorber jusqu’à près de trois fois sa propre masse d’eau, en fonction de la taille des particules, des pores et des caractéristiques du sol. Cependant, cette quantité stockée n’est pas suffisante pour couvrir les besoins en eau des pommiers en pleine production pendant la période de végétation principale, qui sont d’environ deux à trois litres par arbre et par jour. La quantité stockée pourrait toutefois être avantageuse à court terme pour les jeunes arbres ayant un volume racinaire encore limité. Les essais ont également montré que les effets négatifs sur la disponibilité de l’eau étaient possibles, car l’eau pouvait être liée à l’agrégat en question et donc non disponible pour les plantes. L’étude a par conséquent donné des résultats peu clairs ou parfois contradictoires concernant les agrégats. Les couvertures, oui, mais… Qu’en est-il des couvertures ? En arboriculture, elles sont principalement utilisées pour supprimer les mauvaises herbes. Cependant, les 6

Droit Réduction des paiements directs possible rétroactivement Le Tribunal fédéral autorise une réduction rétroactive des contributions pour les projets de mise en réseau, y compris pour les années où aucune infraction n’a été constatée. A a vu ses contributions à la mise en réseau pour les années 2017 et 2018 réduites après qu’un contrôle inopiné le 16 octobre 2018 a révélé l’absence de la surface de retrait requise sur trois de ses parcelles. Les contributions déjà versées pour l’année 2017 ont été compensées avec la contribution de base ainsi qu’avec les contributions à la mise en réseau pour une autre parcelle non concernée. Devant le Tribunal fédéral, A a notamment fait valoir qu’une réduction rétroactive pour 2017, année durant laquelle il n’avait en- freint aucune règle, était illégale, car la dis- position correspondante de l’ordonnance sur les paiements directs allait au-delà du cadre défini par la loi sur l’agriculture (LAgr). Après avoir interprété les dispositions perti- nentes, le Tribunal fédéral, dans un juge- ment très strict, a conclu que la disposition en question se situait dans la marge de manœuvre très large accordée au Conseil fédéral par la LAgr pour déterminer l’ampleur et les modalités des réductions. La réduction des contributions pour deux années a également été jugée propor- tionnée, car les projets de mise en réseau durent huit ans et une seule non-conformité peut compromettre l’ensemble du projet. La surface de retrait y joue un rôle central. Le recours de A a été rejeté. (Arrêt 2C_446/2022 du 20.03.2024, en allemand). Andreas Wasserfallen, avocat et agronome matériaux de paillage peuvent également influencer positivement l’humidité du sol, même en cas de sécheresse prolongée, en réduisant l’évaporation et en diminuant le ruissellement de surface lors des précipitations. De plus, la décomposition des matériaux organiques de paillage peut augmenter la teneur en humus, ce qui améliore la capacité de stockage d’eau du sol. Les résultats montrent que les matériaux de paillage tels que les copeaux de bois et l’herbe ensilée ont le potentiel d’améliorer l’humidité du sol tout en ayant un effet désherbant. Cela a permis de réduire fortement l’utilisation d’herbicides ou de machines pour la régulation des mauvaises herbes sur tous les sites. Cependant, les spécialistes ont utilisé des épaisseurs de couche d’environ 15 cm pour obtenir un effet sûr. Extrapolé à une plus grande superficie de verger, cela représente des quantités considérables, difficilement envisageables dans la pratique. Des essais futurs devraient tester des quantités réduites. Et comment les « couvertures vivantes », c’est- à-dire les sous-semis, ont-elles fait leurs preuves ? Celles-ci doivent principalement supprimer les mauvaises herbes concurrentes, améliorer la teneur en azote du sol et réduire l’érosion et la battance. En ce qui concerne l’humidité du sol et le rendement, les sous- semis testés se sont toutefois révélés plutôt défavorables, car ils concurrençaient les arbres fruitiers. Conclusion mitigée Dans l’ensemble, les essais ont révélé que l’utilisation des agrégats de sol n’améliorait pas significativement la disponibilité de l’eau dans les vergers. En revanche, les matériaux de couverture pourraient être plus prometteurs dans les vergers, car ils réduisent l’évaporation et augmentent l’humidité du sol. D’autres recherches sont nécessaires pour optimiser leur utilisation et mieux comprendre les effets à long terme. Plus d’infos : agroscope.admin.ch 7

Étranger Utilisation efficace de l’eau dans les zones arides © H. P. Liniger recharge des nappes phréatiques. Plusieurs méthodes peuvent améliorer l’infiltration, telles que le paillage, les cultures de couverture, les jachères, les buissons et les arbres. D’autres mesures incluent des bandes herbeuses le long des courbes de niveau, des fossés, des digues, des murets et des terrasses. Étant donné que les fortes pluies se produisent aussi bien dans les zones tropicales arides que de plus en plus en Suisse, les pratiques de gestion de l’excès d’eau peuvent également être pertinentes ici. Gestion efficace de l’eau L’eau peut être collectée de diverses manières et stockée dans le sol, dans des bassins de rétention ou des réservoirs (water harvesting). L’irrigation requiert de grandes quantités d’eau, mais ce besoin peut être réduit en utilisant des cultures adaptées, en contrôlant les mauvaises herbes, en appliquant du paillage, en utilisant des haies brise-vent, l’irrigation goutte-à-goutte ou la culture sous serre. La manière et le moment de l’apport sont souvent plus importants pour économiser l’eau que le choix de la technique d’irrigation (irrigation par submersion, par sillons, aspersion ou goutte-à- goutte). Pour une gestion durable de l’eau, il est important d’examiner des pratiques adap- tées aux régions souffrant de longues sécheresses et de fortes pluies. Christoph Studer, retraité de la Haute école spécialisée bernoise BFH-HAFL Dans les zones arides, l’agriculture cherche à maximiser les rendements en fonction de l’eau disponible, tout en minimisant les risques comme les pertes de récoltes et la mortalité du bétail, sans nuire aux écosystèmes ni aux autres utilisateurs d’eau. Le pastoralisme nomade s’avère souvent être la forme d’utilisation des terres la plus appropriée et est intégré dans presque toutes les zones arides. Pour la végétation naturelle, les pâturages, et l’agriculture pluviale, il est crucial d’utiliser efficacement des précipitations faibles et irrégulières. Une utilisation soigneuse de l’eau et une gestion adaptée des cultures sont essentielles pour améliorer les rendements et la productivité de l’eau (rendement par m³ d’eau). Optimisation de l’utilisation des précipitations Pour utiliser au mieux les précipitations, il est essentiel de favoriser l’infiltration de l’eau de pluie dans le sol, ce qui réduit le ruissellement et l’érosion, surtout lors de fortes pluies. Le sol agit comme un réservoir d’eau, permettant la croissance de la végétation, des cultures, et la 8

Projets Mélanges fourragers résistants à la sécheresse pour prairies de montagne Face à l’augmentation des périodes de sécheresse, le projet DryMount se concen- tre sur le développement de mélanges fourragers résistants à la sécheresse pour les prairies de montagne. En collaboration avec plusieurs cantons alpins, ainsi que des institutions de conseil et de recherche, des mélanges capables de garantir un rende- ment stable doivent être élaborés. Pier Francesco Alberto, AGRIDEA La production de fourrage occupe une grande partie des terres agricoles dans de nombreux cantons et joue un rôle crucial dans l’entretien et la préservation des paysages. Le changement climatique, marqué par des périodes de sécheresse plus fréquentes et intenses en été, affecte gravement la croissance de l’herbe. Cela met en péril de plus en plus la production fourragère estivale, et par conséquent la viabilité des exploitations agricoles dont le revenu dépend. Développer ensemble de nouveaux mélanges fourragers C’est pourquoi l’ADCF (Association pour le développement de la culture fourragère) participe au projet quadriennal DryMount (2023 – 2026), soutenu par la station d’essais Agriculture de montagne et d’alpage d’Agroscope. En collaboration avec cinq cantons alpins (BE, GR, TI, UR, VS), AGRIDEA et les services de conseil agricole cantonaux, des mélanges fourragers pour les zones de mon- tagne sont développés, capables de fournir un rendement suffisant même pendant les pério- des de sécheresse, et utilisables à la fois pour la fauche et le pâturage. Neuf nouveaux mélan- ges sont testés et comparés à quatre mélanges standards existants, considérés comme résis- tants à la sécheresse. Ces mélanges sont semés dans les cinq cantons participants, avec au moins un site par canton. Stations expérimentales au Tessin Le Tessin compte deux stations expérimentales avec des objectifs différents. À Rodi, dans la Léventine, les mélanges sont évalués scientifi- quement sur un champ. Au Campus de recher- che de Cadenazzo, les mêmes mélanges sont semés à des fins didactiques et de démon- stration. Ces tests permettent d’évaluer les mélanges à la fois dans la pratique et dans des conditions de basse altitude, afin de recueillir des informations précieuses pour les fonds de vallée et les zones de collines. Les résultats intermédiaires seront régulière- ment présentés dans le cadre des journées techniques destinées aux agriculteur-trice-s, technicien-ne-s et étudiant-e-s et organisées par l’ADCF, AGRIDEA et la vulgarisation agricole du Tessin. Plus d’infos : Projet DryMount, station d’essais Agriculture de montagne et d’alpage 9 9

Collaboration Ensemble pour une gestion durable de l’eau dans l’agriculture L’agriculture est-elle prête à affronter les défis du changement climatique ? La ges- tion responsable de l’eau, de plus en plus rare, est devenue urgente et nécessite des connaissances accrues à travers la Suisse. Danielle Albiker, AGRIDEA Le 25 juin 2024, AGRIDEA et la BFH-HAFL ont créé le « Forum pour une gestion durable de l’eau dans l’agriculture » avec l’USP, Inoverde, Suisse Grêle, Swisspatat et l’IAG Grangeneuve. La Confédération, des cantons, divers secteurs, des entreprises, ainsi que des agriculteurs et agricultrices étaient également représentés. Le forum vise à développer des solutions et à part- ager des connaissances pour une gestion plus efficace de l’eau en agriculture face au change- ment climatique. Il se compose d’une associa- tion et d’une plateforme de connaissances. Avancer ensemble Afin de créer une base de connaissances solide, les premiers groupes de travail se sont consti- tués autour de techniques d’irrigation et de rétention d’eau dans les terres cultivées. La ges- tion de l’eau dans les zones de pâturage d’esti- vage suscite également un grand intérêt. Les sujets potentiels sont nombreux, allant de l’autosuffisance en eau au niveau des exploita- tions agricoles à la sélection de variétés résis- tantes à la sécheresse. Les propositions pour créer de nouveaux groupes de travail sont bienvenues à danielle.albiker@agridea.ch. Plateforme de connaissances au cœur du forum Le cœur du forum est sa plateforme de con- naissances, qui rassemble toutes les informati- ons et expériences pratiques concernant l’eau et l’agriculture. AGRIDEA compile et publie en continu les connaissances issues des groupes de travail sur agripedia.ch. Les informations sont également diffusées via des newsletters, des fiches techniques, des bases de données, divers événements et une conférence annuelle. Donner une voix à l’eau L’association, basée à la BFH-HAFL, met en réseau les membres et les groupes de travail afin de donner une voix forte à la gestion de l’eau dans l’agriculture. Grâce à des connais- sances solides, elle développe des arguments factuels, en accord avec la Stratégie climatique pour l’agriculture et l’alimentation 2050 de la Confédération, qui prône une « production agricole adaptée au climat et aux conditions locales ». Devenez membre de l’association Contribuez à façonner l’avenir de la gestion de l’eau et remplissez le formulaire d’inscription ou contactez le secrétariat : flavio.foiada@bfh.ch. Plus d’infos : agripedia.ch 10

Arrivées chez AGRIDEA : Susana da Fonseca Collaboratrice Communication, Médias Dès le 13.5.2024 à Lausanne Roland Yerly Collaborateur Production végétale, Environnement Dès le 8.7.2024 à Lausanne Produits phytosani- taires – minimiser la dérive et le ruisselle- ment L’utilisation des produits phytosanitaires pré- sente des risques pour l’environnement et les organismes non ciblés. Pour réduire efficace- ment la dérive et le ruissellement, des mesures ciblées sont essentielles. Le site agripedia.ch explique de manière pratique quand et com- ment ces mesures doivent être mises en œuvre selon un système de points pour répondre aux exigences des autorités de régulation et des PER (prestations écologiques requises). Les contenus ont été développés en collaboration avec des spécialistes de l’OFAG, OSAV, OFEV, COSAC, SSE et AGRIDEA pour assurer une protection optimale de l’environnement. Découvrez quelles mesures sont nécessaires dans quelles situations et comment les appli- quer avec succès. Veuillez consulter les chapi- tres suivants : • Dérive et ruissellement dans la protection des cultures • Risque de dérive dans les grandes cultures • Mesures contre la dérive en grandes cultures • Buses de réduction de la dérive et points de dérive • Risque de ruissellement en grandes cultures • Mesures contre le ruissellement en grandes cultures Plus d’infos : agripedia.ch Personnel / Place du marché Découvrez les nouveaux modules barto Fertiplan – le gestionnaire de fertilisation numérique Le nouveau module Fertiplan de barto permet de créer facilement et de manière autonome des plans de fumure adaptés à tous les types de prairies ou de grandes cultures. Ce module digital offre la possibilité d’enregistrer des analyses de sol et de calculer les teneurs des engrais de ferme, y compris en tenant compte de la dilution. Les cultures du module « planification de l’assolement et des cultures » peuvent être importées directement si ce module a été réservé. Sur demande, il est également possible d’accorder l’accès à un conseiller ou à une conseillère pour obtenir de l’aide dans la planification. Fertiplan peut être testé gratuitement pendant 10 jours. Plus d’infos : barto.ch Exploitation – dossier de contrôle Le dossier de contrôle regroupe automatique- ment dans un dossier unique tous les docu- ments pertinents pour les contrôles issus des différents modules barto. Une liste des docu- ments nécessaires est générée sur la base des programmes et labels enregistrés. Ce module veille à ce que tous les documents importants soient réunis de manière simple et structurée dans une seule application, toujours à portée de main. Il est possible de créer un nombre illimité d’onglets et de les adapter individuelle- ment à l’exploitation. Les documents papier peuvent être scannés avec l’application dossier de contrôle et classés dans l’onglet corres- pondant. Les documents non valables sont mis en évidence de manière à être immédiatement identifiés. Plus d’infos : barto.ch 11

Place du marché À quoi doit ressembler la vulgarisation du futur ? Kaspar Grünig, Forum la Vulg Suisse (FVS) Sous la direction d’AGRIDEA, le FVS a mené une réflexion approfondie sur la vulgarisation du futur. Quels sont les défis à relever en ce qui concerne la nouvelle génération de collabo- rateur-trice-s, le recrutement, la diversité des exploitations agricoles, le changement climati- que, la biodiversité, les compétences en proces- sus ou en numérisation ? Les exploitations agricoles souhaitent un interlocuteur unique, mais les cas de conseil deviennent de plus en plus complexes et nécessitent la collaboration de toute une équipe. De premières solutions ont déjà été développées dans les domaines de l’échange et de la mise en réseau, de l’attracti- vité du métier, des modèles organisationnels et de la collaboration. Ces thèmes seront appro- fondis dans le cadre d’un projet de plus grande envergure. Plus d’infos : bfs-fvs.ch Goûts et saveurs Cet ouvrage de référence exhaustif couvre la transformation et la conservation des fruits et légumes, du lait et de la viande selon diver- ses méthodes. Le classeur combine des savoir- faire traditionnels et redécouverts avec les connaissances les plus récentes en matière de stockage, de transformation et de conservation de denrées alimentaires locales et de saison. Il contient des instructions étape par étape, des recettes de base, des informations générales sur la manipulation des denrées alimentaires, des fiches de travail et des formulaires de calcul. Le document complet est disponible sous forme de classeur avec 14 chapitres, incluant des recettes éprouvées et de for- mulaires. Chaque chapitre est également disponible séparément. Plus d’infos : agridea.ch 12 Mise à jour des fiches techniques sur les plantes aromatiques et médicinales Les fiches techniques sur les plantes aromati- ques et médicinales offrent une collection complète d’informations précieuses pour la culture professionnelle des herbes. Cet ouvrage de référence axé sur la pratique, développé en étroite collaboration avec des spécialistes de la culture, de la transformation, de la recherche et du conseil, a été actualisé au cours des derniers mois. Il couvre des sujets tels que le marché suisse des herbes aromatiques, les exigences de qualité, les techniques de production, la trans- formation et le séchage, ainsi que des descrip- tions détaillées de 48 espèces. De plus, il traite des organisations pertinentes et des adventices problématiques. Un outil indispensable pour toutes les personnes qui sont actives dans la culture des herbes. Plus d’infos : agridea.ch Impressum Édition Contact Rédaction AGRIDEA e-agil@agridea.ch Andrea van der Elst (Responsable) Nadia Frei Marc Gilgen Pierre Moretti Mise en page Merel Gooijer e-agil Numéros précédents Paraît trois fois par année.