08—09 I NTRODUCTION L’entrepreneuriat, un concept de vie ? UN PEINTRE VIT CORPS ET ÂME SON CONCEPT DE VIE EN TANT QU’ARTISTE. Personne ne le qualifierait de fabricant de tableaux d’un point de vue purement fonctionnel. De la même manière, être entrepreneur n’est pas un rôle ou une fonction, mais un état d’esprit, un concept de vie. Avoir l’esprit entrepreneurial est une attitude Un manager a besoin de carburant pour faire fonctionner une orga- nisation, tandis que l’entrepreneur a besoin de cœur pour que son organisme puisse survivre et prospérer. Piloter et diriger est une fonction parmi d’autres qu’on assume en tant qu’entrepreneur, mais être entrepreneur, c’est un état d’esprit, un concept de vie. Le mot « entrepreneur » exprime déjà le concept de vie : il s’agit de quelqu’un qui entreprend, qui fait bouger les choses en dévelop- pant, grâce à ses propres visions et idées, la force de s’engager dans de nouvelles voies avec courage et conviction. Il puise sa force dans sa vision, qui lui sert de guide dans les situations difficiles et lui donne le courage d’aller de l’avant. Cela s’accompagne d’un grand désir d’indépendance. Ce n’est qu’ainsi qu’il aura la liberté d’atteindre ses objectifs, même par de nouvelles voies. Pour y par- venir, un entrepreneur mettra ses propres besoins de côté. Avec curiosité, ouverture face à la nouveauté et goût du risque, l’entre- preneur suit ainsi son besoin intrinsèque d’« entreprendre » quelque chose. Il sait qu’en fin de compte, il reste un combattant solitaire face à sa responsabilité de faire vivre l’entreprise et à sa prise de risque, mais il se considère comme faisant partie d’un ensemble plus grand. Cela inclut sa loyauté envers ses collaborateurs, qui se tra- duit par une responsabilité sociale souvent élevée. Pour la même raison, de nombreux entrepreneurs s’engagent aussi en tant que personnes privées avec une grande implication personnelle et fi- nancière et par le biais de fondations pour le bien-être des per- sonnes défavorisées et dans les domaines de la culture, du sport et de l’éducation. L’entrepreneur est prêt à s’exposer si cela sert la cause. Sa crédibi- lité est un atout important. Il est conscient que son comportement en tant qu’individu a également un impact sur l’entreprise, car la confiance dans une vision dépend de la confiance dans celui qui la formule. Grâce à son engagement infatigable et à sa capacité à susciter l’enthousiasme, il trouve d’autres personnes qui lui font confiance et qui travaillent avec lui, même de manière non conven- tionnelle, à la réalisation des visions. La vision ne comprend pas seulement le quoi, mais aussi le comment. Elle donne naissance à des principes d’action – un système de valeurs qui, au fil du temps, devient l’expression unique, le code génétique de l’entreprise. Ce code influence à son tour l’action, les décisions et le ton de chaque collaborateur et détermine ainsi l’image de l’entreprise. Contrairement à ce que pensent souvent les gens, l’entrepreneur ne mesure pas le succès en francs, mais en fonction du succès de sa vision, de son idée. Pour lui, la réalisation de son idée est plus importante que la sécurité matérielle, et l’indépendance est plus importante que le profit à court terme. Il considère le profit comme un moyen de faire évoluer ses idées, et donc son entreprise. Ce n’est pas son succès à court terme, mais celui de l’entreprise et le maintien des emplois qui sont au premier plan pour lui. Il ne calcule pas en années, mais en décennies, car il construit pour l’avenir. Pour cela, il est prêt à investir ses finances personnelles et la plus grande partie de son temps. Angoisse existentielle La force visionnaire de l’entrepreneur est contrebalancée par la peur existentielle. Cette dernière peut, en tant que pôle opposé, tout bloquer et détruire ce qui a été créé par une action visionnaire. La vision, source d’énergie centrale, garantit à l’entrepreneur son indépendance et sa liberté d’action. Si la peur du lendemain et le surmenage viennent à bout de cette vision, cela touche le point central du concept de vie qu’est l’entrepreneuriat. L’angoisse existentielle est compréhensible lorsque les affaires vont mal. Mais l’angoisse existentielle manifeste est souvent le résultat de la peur, accumulée au fil des années, de ne plus être tout à fait à la hauteur de la tâche. C’est ainsi qu’au début, il y a généra- lement un surmenage insidieux, qui passe inaperçu. L’entrepre- neur se rend compte qu’il perd d’abord confiance, courage, puis contrôle. Il se sent épuisé physiquement et mentalement, pense avoir atteint ses limites, néglige ses contacts sociaux. La vision, et donc la force centrale qui lui donnait des ailes pour tenter « l’impos-